SANDERS Rupert, Ghost In The Shell, États-Unis, 2017
Par quels moyens les artistes définissent l’apparence d’un corps, en hybridant des techniques différentes ?
Dans le film Ghost In The Shell de Rupert Sanders de 2017 qui est une adaptation de sa version originale japonaise manga, nous pouvons retrouver un univers futuriste traitant le sujet du transhumanisme. La mise en place de plusieurs techniques artistiques au sein du cinéma ainsi que de la réalisation exploitent un environnement qui traite ce sujet complexe. Par la même occasion, les choix d’hybridation auront leur importance dans ce rôle.
Développées dans l’industrie de la santé, les recherches sur les prothèses pour le corps contribuent également à développer le transhumanisme. Ce mouvement promeut l'utilisation des découvertes scientifiques et techniques pour l'amélioration des performances humaines. La limite de ce mouvement se situe au niveau du passage de l’aspect soin à l’amélioration des capacités de l’homme, ce qui correspond à l’eugénisme.
L’intérêt de cet extrait filmique est sa pertinence omniprésente qui se porte aussi bien sur les décors, les effets spéciaux, l’aspect étique, la réalisation, les conversations que sur l’approche socio-politique.
À partir de 00:38, nous sommes plongés dans un repas de travail. Nous pouvons y apercevoir deux communautés représentées par un style vestimentaire et une couleur de peau. Le choix du casting et des costumes en passant par un aspect relativement cliché a voulu évoquer chez le spectateur la représentation de deux cultures s’opposant par leur développement. La première personne qui prend la parole est une personne de type « européen », son discours est de promouvoir les performances du transhumanisme et de vendre ses services par le biais d’une démonstration. A 01:40, c’est au tour de la seconde personne de prendre la parole. Il s’agit du représentant de la communauté dite « africaine ». Le sujet se porte alors plus sur des questions d’économie. A 01:52 le discours évoque, a contrario, un aspect plus éthique. Les promesses suicidaires du transhumanisme au péril de l’humain sont mises en scène à 02:40 et appuyées par des propos à 02:45. La poursuite de progrès en dépit d’un changement de civilisation au profit de l’autisme de l’individu est un débat alors évoqué comme étant une idéologie infantile d’un désir archaïque grâce à la technoscience.
L’art du costume épaulé par le maquillage à 01:00 permet de mettre en scène le fonctionnement d’une prothèse visant à améliorer les capacités de communication de l’homme. De plus à 03:12, nous pouvons voir une interprétation d’une utilisation d’une prothèse. Nous pouvons en déduire que grâce à un circuit supplémentaire, nous pouvons élargir notre stockage de données, au risque de pouvoir se les faire pirater.
Les images de synthèse à 03:00 lors du plongeon de l’actrice Scarlett Johansson sont particulièrement pertinentes au niveau de la mise en œuvre. Nous pouvons ainsi interpréter l’aspect numérique de la technoscience qui l’habille comme étant une présence de technologies dans le corps du personnage sans pour autant le déshumaniser comme l’on pourrait le faire pour un cas d’intelligence artificielle. Lors de l’apparition de l’impressionnant plan à 03:40 qui précède une scène d’action jusqu’à 04:02 cette technique réalisée en postproduction est omniprésente. En particulier à 03:58 nous pouvons voir la force de son utilisation pour définir le corps de l’actrice, comme étant une hybridation entre un corps humain et un mélange de technologies par des effets de déformation qui symbolisent un aspect numérique.
L’hybridation entre les costumes et l’ajout d’images de synthèse permet de définir un corps d’une certaine manière à faire évoquer chez le spectateur une compréhension concernant l’environnement de l’œuvre. Dans le cas ici présent, son application permet de montrer un contexte futuriste où nous pouvons retrouver la présence de transhumanismes.
Nb : Les sous-titres de cette vidéo ont été réalisés par mes soins en espérant que leur pertinence soit au rendez-vous.
Source :
Livre : TESTART Jacques, ROUSSEAUX Agnès, Au péril de l’humain, Paris : Seuil, 2018