Par quels moyens les artistes définissent l’apparence d’un corps, en hybridant des techniques différentes ?
Au fil du temps les pratiques et techniques artistiques ont évolué et se sont diversifiées. Par ce même biais la vaste représentation du corps a suivi le même chemin. L’hybridation des techniques dans ce même contexte s’est multipliée pour enrichir la palette des artistes.
La notion d’art est apparue en 30 000 à 12 000 ans avant Jésus-Christ avec l’Aurignacien qui marque la première manifestation de l’art figuratif. Au fil du temps, cette notion n’a cessé de se développer avec de nouvelles techniques et tendances sociales. L’hybridation de l’art a commencé par le mélange de la peinture et de la sculpture, phénomène omniprésent dans l’Antiquité où toutes les sculptures étaient peintes. Cette démarche était alors réalisée dans une contrainte de représentation du corps qui se voulait la plus réaliste possible. L’analyse de la sculpture Peplos Korè le démontre comme étant une œuvre type de ce qui se réalisait à l’époque, toujours présent comme le démontre Juliette Clovis de nos jours avec ses sculptures en porcelaine. Aujourd’hui, il existe des techniques artistiques uniquement basées sur cette hybridation, comme nous pouvons le retrouver dans la « technique mixte » : accouplement entre la peinture et le collage de papier provenant le plus souvent des écrits de journaux.
La mise en scène peut être un moyen trompe œil pour l’interprétation de l’œuvre. Comme le démontre l’artiste Man Ray avec Le Violon d’Ingres qui hybride à la fois la peinture, avec comme support le corps du modèle de « Kiki de Montparnasse » (Alice Prin), et la photographie. À la différence, l’artiste Yung Cheng Lin (3 cm) a elle, pour technique de mise en scène, la démarche de modifier directement le corps du modèle. Avec l’aide d’objets du quotidien, cet artiste va alors ouvrir l’imagination du spectateur et faire ainsi passer un message lourd de sens, le tout encadré avec des techniques de photographie qui vont venir compléter ses œuvres.
De nos jours, la photographie est très souvent utilisée lorsqu’il s’agit d’hybrider des techniques différentes, en particulier avec son utilisation surexploitée liée aux réseaux sociaux et aux médias numériques que nous connaissons tous. Cependant, il existe des artistes tels que Brno Del Zou qui ont des démarches plus artistiques de son utilisation. Les œuvres de cet artiste se basent sur le montage manuel de la photo sur plexiglass avec un travail en amont au niveau de la photo et du travail de l’espace pour recréer un corps sous toutes ses formes de sorte à en recréer qu’une comme le montre son œuvre Béné de sa série de « photosculptures » ou « portraits morcelés ».
Cette hybridation des techniques est également un moyen technique qui a su charmer le cinéma comme par exemple dans le film, Ghost In The Shell de Rupert Sanders où nous pouvons retrouver des images de synthèse avec des costumes qui vont alors nous modifier la perception habituelle que nous avons du corps et ainsi par son biais nous faire voyager dans un environnement futuriste. Ces méthodes permettent aux cinéastes de venir traiter davantage de sujets tel que le transhumanisme.
Chaque technique a une âme qui lui est transmise par ses propriétés que peuvent être la texture, les dimensions, les couleurs, les tendances sociale, etc. Il est intéressant de pouvoir réaliser une œuvre en choisissant une technique selon ce que l’artiste veut faire émerger comme sentiments chez le spectateur. Double facette, œuvre réalisée par mes soins, a pour but de montrer ceci en hybridant l’aquarelle numérique avec une photo. L’objectif est d’apercevoir que, selon la présence d’aquarelle et de couleurs, l’impression que nous avons sur le corps diffère complètement.
Depuis la nuit des temps les artistes définissent l’apparence d’un corps en fonction des techniques utilisées pour venir ajouter en relief le ressenti qu’ils veulent traiter chez le spectateur. L’hybridation permet d’accentuer ce principe en l’enrichissant par le biais de techniques qui s’opposent. Au fil des années ces méthodes évoluent et se diversifient en augmentant le nombre d’options réalisables pour le processus de création d’une œuvre et permet aussi de pallier certaines difficultés qui peuvent être rencontrées durant ce parcours.
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